HERBE À PUCE

J’aime toutes les plantes… mais pas celle-là. J’ai connu sa brûlure une couple de fois dans ma jeunesse, mais sans trop de gravité. Jusqu’à ce que, il y a environ 5 ans, je me réveille un matin complètement défigurée, les yeux boursouflés, les joues pleines de pustules et la peau du cou sous le menton fortement brûlée. Je connais bien l’herbe à puce, je n’en avais pas vu ces derniers jours et je savais pour sûr que je ne m’étais pas couchée ou frottée la face dedans!! Ça m’a pris une semaine avant de comprendre comment l’huile toxique s’était répandue partout dans mon cou et mon visage.

La veille de mon réveil douloureux, j’étais en visite chez un ami qui a plusieurs chats de grange, dont un gros matou orange (mes préférés!) que supposément personne, y compris lui-même, n’avait jamais réussi à toucher. Hors, pendant qu’on jasait, assis sur la terrasse, le gros chat est directement venu à ma rencontre, est monté sur moi et s’est frotté la face en ronronnant de joie. Et moi, toute fière dans mon égo de dire à mon ami : AH!! tu vois! tous les chats m’aiment!! Ils savent que je les aime!!

J’appelle ça “Instant karma” : quand tu te gonfles l’égo et que la Vie te ramène direct dans l’humilité. Je ne savais pas que les animaux de compagnie pouvaient nous transmettre l’herbe à puce, après avoir marché dedans et gardé l’huile toxique dans leur pelage. Je l’ai appris douloureusement…

Heureusement pour moi, une plante s’était invitée au début du printemps dans la partie humide et ombragée de mon jardin. Je crois qu’une plante pousse souvent là où elle sait qu’elle pourra servir au Vivant. J’étais bien contente d’avoir l’antidote de l’herbe à puce sous la main!

SON ANTIDOTE

L’IMPATIENTE DU CAP

On entend souvent dire que l’antidote pousse généralement près de la plante toxique. Ce n’est pas toujours le cas avec l’herbe à puce, qui préfère les sols sablonneux, les amas de roches et les endroits très ensoleillés. Son antidote, l’impatiente du cap, est une plante pleine d’eau qui préfère l’ombre, les bords de fossés très humides et les sous-bois bien frais. On peut rencontrer les deux plantes dans le même environnement, mais ce n’est pas toujours la norme.

L’impatiente du cap, c’est notre aloès du Québec! L’intérieur de sa tige est pleine d’une fine couche de gelée très fraîche, qui apaise instantanément la douleur de la brûlure au contact. Quand les plants sont hauts et que la tige est épaisse, il suffit simplement de la fendre sur le long, de l’ouvrir en deux et d’en frotter l’intérieur directement sur la plaie d’herbe à puce.

Photos ci-dessus:

La tige d’un plant adulte, facile à fendre

Le gel à l’intérieur, qu’on applique directement sur la plaie

La fleur orange (ou jaune) bien aimée des colibris

Les plants peuvent atteindre 5 pieds de haut en bonnes conditions! (c’est moi, debout au milieu d’une grande talle!)

Le fruit de l’impatiente du cap : une cosse qui projète les graines au loin, grâce à un ressort qui s’active quand on pince entre les doigts

La pruine : une fine couche sur la tige adulte qui laisse des traces au toucher (c’est mon empreinte digitale, sur la tige). L’absence de pruine veut dire une sécheresse ou une fin de vie du plant.

COMMENT FAIRE LA PÂTE

Quand les plants sont petits et jeunes, il n’est pas possible de fendre la tige, qui est toute mince et fragile. On peut alors utiliser les jeunes plants au complet pour se faire une pâte qui servira de deux façons : en compresse directement sur la plaie et sous forme de glaçons qui apaiseront la brûlure. Plus souvent on répète le traitement, plus vite on guérit. Quand la plaie recommence à brûler, c’est signe qu’il faut refaire le traitement.

Dans le cas d’une talle bien fournie qui a besoin d’être éclaircie, on peut cueillir beaucoup de jeunes plants et s’en faire des réserves. Mettre les plants dans une chaudière d’eau pour les apporter à la maison.

Les plants se conservent plusieurs jours au frais, dans l’eau, le temps de les mettre en pâte.

Une bonne poignée de jeunes plants passés au robot culinaire donne un creux de main de pâte.

La gelée verdâtre, c’est la médecine de la plante. On peut frotter la pâte délicatement sur la brûlure avant de fixer la boulette de jeunes plants avec une pellicule adhésive (quand c’est possible! en plein visage c’est difficile…) Garder la pâte jusqu’à ce qu’elle devienne chaude ou que la brûlure se fait à nouveau sentir. Recommencer le traitement aussi souvent que nécessaire.

Une partie de la pâte peut être transformée en glaçons : remplir les espace de pâte et ajouter juste un peu d’eau. Au besoin, quand ça brûle, frotter un glaçon directement sur la plaie d’herbe à puce. Le glaçon soulage à la fois par le froid et par la gelée de la plante.

EST-CE QUE ÇA MARCHE VRAIMENT?

J’ai fais cet article en pensant au beau Charles, un jeune ado amateur de plein air qui a marché dans une talle d’herbe à puce il y a deux semaines. Ses deux chevilles étaient brûlées et pleines de pustules. Je lui ai montré comment se soigner et il a pris soin de ses brûlures nuit et jour pendant une semaine. Le jour avec la pâte et les glaçons, la nuit avec la pâte sous cellophane qu’il gardait en place avec des bas. Il a constaté par-lui-même que dès la première application, la sensation de picotement et de brûlure a diminué. De jour en jour les pustules ont arrêté de se répandre et ses plaies ont commencé à sécher. Voyez les résultats après quelques jours de traitement : il n’y a plus de cloches d’eau et les plaies sont complètement séchées (je suis bien fière de lui!) :

EN PRÉVENTION

Apprendre à bien identifier la plante (dans sa forme terrestre et sa forme grimpante)

Bien identifier les talles pour les prochains promeneurs

L’arracher, avec tout son réseau de racines, avec des gants qu’on va jeter après

Mettre les plants à mourir dans un sac poubelle noir, au soleil.

Ne pas faire brûler la plante dans un feu (l’huile brûlée peut causer de sérieuses réactions pulmonaires)

Porter des pantalons longs et des manches longues (encore là… si on sait comment se traiter au retour, vivement les shorts et les manches courtes dans les canicules d’été)

Enlever et laver ses vêtements au retour (l’huile peut rester plus d’un an dans les vêtements. Vous pouvez attraper l’herbe à puce au printemps en remettant votre manteau porté dans le bois à l’automne…)

Se laver la peau à découvert au retour, avec du savon gras.

Voir ici le vidéo Youtube qui montre bien la technique pour ne plus jamais avoir de sérieuses brûlures d’herbe à puce (c’est en anglais mais c’est très bien illustré) :

How to never have a serious poison ivy rash again

RECONNEXION NATURE

Si vous n’osez pas aller dans le bois par peur de l’herbe à puce, des tiques, des plantes toxiques, des ours ou des mouches noires… vous vous privez de ce qui fait le plus de bien à l’humain : le contact avec la Nature. L’humain a vécu 99,99% de son évolution en Nature : c’est notre véritable demeure, notre corps s’est développé pour une vie à l’extérieur. Nous sommes faits pour vivre dehors, les yeux au soleil, la peau dans le vent, libres et en santé.

Je vous invite à surmonter vos peurs, par l’éducation, par l’exemple et par des changements vers plus de naturel dans votre Vie.

Prenez soin de vous

Prenez soin de l’autre

Prenez soin de la Terre

La Métisse

mai 2022

monographie complète de l’impatiente du cap, de l’herbe à puce et de l’aralia dans le livre des FLEURS

(pour ceux qui ont le livre de base)